Cédo-Françoise Faucher-Moreau

Cédo-Françoise Faucher-Moreau

Le bas-relief du souk du Talborg

Je vais vous raconter l'histoire de ce bas-relief en terre cuite.

 

  

                                        Le souk El Had de Talborg

 

J'ai 9 ans.
Je suis sur cette photo un peu floue entre mon frère, le grand, et ma petite soeur avec mon père.
Nous arrivons d'Oran où nous avons passé 9 mois.

 

Nous sommes, comme souvent pendant quelques heures en week-end en compagnie de nos amis. Voici une photo souvenir d'une promenade.

Nous y avons trois copains, trois garçons; ma sœur et moi préférons le plus grand qui a trois ans de plus que moi. 
Le plus jeune joue souvent un peu à part.
Nous avons tendance à exclure le second qui a trois/quatre ans de moins que moi. Cà m'étonnerait qu'il apprécie toujours nos intrusions régulières dans leur fratrie.

 

Je vous parle maintenant d'un dimanche chez eux.

 

Des jeux d'enfants.
J'apprends à faire du vélo, ma sœur, mon frère, l'un ou l'autre à chaque instant sollicite de prendre son tour.

Je roule vite car mon équilibre est encore instable sur ces deux roues.
Je ne saurais vous dire exactement sur quel chemin je me trouve. Il dessert une suite de villas mais je ne crois pas qu'il soit goudronné. Nous y sommes tranquilles, il y a très peu de passage.
Quand je m'éloigne de la maison de nos amis, je perçois au loin une rumeur, un brouhaha étouffé.

 

J'aime m'arrêter là, écouter ce mélange de sons, de voix dont le rythme et la musicalité me sont connus mais quelque peu mystérieux, des appels, des hennissements, des grognements de chameau, des grincements de roues de charrette et ... de la musique 
Mais je ne suis pas certaines de les distinguer aussi nettement que cela.
Je ne suis pas si sûre non plus que je vois réellement très loin la-bas une foule d'hommes et des rassemblements d'animaux.

 

En fait,  je les imagine et je crée ce film de toutes pièces car nous n'avons pas la permission d'y aller.
Je ne sais plus dire si oui ou non nous n'avons pas un jour braver cette interdiction, l'envie était si grande.
Cette interrogation s'est installée pour toujours.

 

Les bas-reliefs m'ont toujours beaucoup attirés.

 

Ici au musée de Cluny.

                                     


Malheureusement je ne saurais pas vous en dire plus sur celui-ci.

 

 

De nombreuses photos que m'ont fournies mes amis gadiris ont depuis peu remis en doute cette conclusion. Ne serait-ce pas possible que ce soit une restitution du vrai à partir des fragments dans ma mémoire.

 

A l'automne 2010, les "forgerons gadiris" abordent une reconstitution du Talbordjt. Le souk fait partie de leur étude et tout d'un coup j'entends "cette rumeur" dont j'ai parlé précédemment". Je recherche dans ma mémoire les éléments de ce souvenir. Mais aussi bien le son que l'image sont diffus.

 

Mais je vois un "ravin" dans lequel se dessine le souk. Certaines réponses à mes questions telles que l'existence d'un ravin à cet endroit m'ont conduite à conclure que cette vision du souk de Talborjt était le fruit de mon imagination.

 


Puis la conjonction de mon récent voyage au Cambodge à la recherche d'autres images souvenirs d'enfance et de l'incitation à l'atelier de sculpture de proposer une étude dans le domaine animalier m'a amenée à reproduire en terre cuite cette ambiance du souk.

 

   

 

Je me suis inspirée méthodiquement des photos du souk des années 50 fournies par mes amis en y ajoutant d'autres éléments glanés deci delà.

 

J'ai disposé en un tableau les uns auprès des autres les éléments qui traduisaient le mieux les pièces du puzzle ancrées dans ma mémoire, par l'attitude des personnages ou le détail de leur habillement.

 

          

 

Maintenant cette fresque m'apparaît presque comme représentation de la réalité.
Je ne peux répondre à la question, ai-je parcouru le souk El Had de Talborjt? Ce dont je suis sûre c'est que l'ai entendu et vu de loin et que tous les souk des environs dont celui d'Inezgane ont imprimé leurs images, sons et ambiances sur ma mémoire que j'essaie de lire au plus vite avant que tout ne se voile et ne s'estompe définitivement.

 

Un ami m'a mentionné une erreur que j'ai reconnue comme très importante; j'ai omis de représenter dans ce tableau un personnage européen; bien sûr, nos mères allaient souvent s'approvisionner au souk. La mienne fréquentait celui d'Inezgane à 10 km d'Agadir.

 

C'est un bas-relief en terre cuite patinée.

 

Y retrouvez-vous le forgeron? 


Je l'ai terminée en juin 2011 et j'ai trouvé un moyen de l'encadrer pour la suspendre.

 

 

 

Il faut maintenant se décider à le placer sur le mûr.

 

 

 

 

A bientôt.

Je reviens pour un complément nécessaire. N'hésitez pas de me laisser un commentaire et même de m'indiquer qui vous êtes. Vous êtes nombreux à me rendre visite mais incognito et en catimini.



27/06/2012
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